Qu’est ce qu’on appel SICAV et FCPE ?
Qu’on les nomme SIVAC, fonds commun de placement (FCPE) ou fonds d’investissement, ces produits de gestion collective sont devenus des éléments incontournables du financement de notre économie.
Bien implanté dans le vocable des investisseurs particuliers, le terme SICAV (société d’investissement à capital variable) a pourtant bien quelque chose de suranné pour les professionnels de la gestion. A cela rien d’étonnant puisqu’il fait explicitement référence à un produit institué en France par décret en 1957. Il a toutefois fallu attendre la promulgation d’encouragements fiscaux pour l’investissement en action (loi Monory de 1978) et la création de nouveaux outils financiers (le compte d’épargne en actions) pour voir ses encours véritablement décoller à partir de 1983.
Ce côté désuet tient également au fait que les SICAV, à proprement parler, ne représentent aujourd’hui plus qu’une portion congrue des investissements en gestion collective. Les sociétés de gestion qui les commercialisent ont eu tendance à leur substituer progressivement des FCP (fonds commun de placement). Pas tellement plus jeunes dans leur conception, il présentent surtout l’avantage de pouvoir fonctionner sans la présence pesante d’un conseil d’administration. Le FCP est placé sous la responsabilité directe d’un gérant ou, mieux, d’une équipe de gestion. Un atout non négligeable quand il s’agit de prendre des décisions particulièrement importantes tels que le changement radical d’orientation d’une stratégie d’investissement ou la fermeture pure et simple du véhicule de placement. Sans que l’investisseur particulier en soit nécessairement conscient, le FCP a donc remplacé la SICAV, à tel point d’ailleurs que, dans le langage courant, le terme de “fonds d’investissement” concurrence celui de SICAV depuis ces dix dernières années.
Des encours considérables
Si l’issue de cette bataille linguistique rest encore indécise, il est en tout cas certain que les fonds (pour les appeler communément) occupent aujourd’hui une place incontournable dans l’économie mondiale et, ce faisant, dans la vie de nos entreprises. Au mois d’Octobre dernier, BlackRock, le premier gestionnaire au monde, a annoncé avoir dépassé le cap des 5000 milliards de dollars d’actifs gérés. Au taux hypothétique de un dollar pour un euro, cela représente quand même 3,93 fois la capitalisation boursière de notre cher indice parisien, le CAC40. Une taille qui permet à la société américaine, non seulement de figurer parmi les principaux actionnaires d’entreprises tricolores comme Air Liquide, Essilor ou Valeo, mais aussi d’influer sur leur politique industrielle. De quoi envisager sa vieille SICAV sous un nouveau jour, non ?
Combien vous coûtent réellement vos fonds ?
Un fonds trop chargé en frais fournira de moins bonnes performances sur la durée. Mais savez-vous exactement à quelle sauce vous êtes mangé ? Tour d’horizon de ce que l’on prélève sur vos SICAV.
Confier la gestion de son portefeuille de titres à un professionnel engendre un coût, et c’est bien normal. Le service rendu permet aux épargnants d’investir sur des marchés qu’ils n’auraient pas nécessairement pu ou su aborder par eux-mêmes. Le gérant travaillant à temps plein au bon pilotage de votre argent, il est aussi supposé assurer à votre investissement une meilleure performance sur la durée que si vous vous en occupiez ponctuellement vous-même. Mais savez-vous réellement ce qui est prélevé ? Si les frais sont mentionnés dans la documentation légale, censée être remise au client lors de la souscription, rare sont les particuliers qui prennent le temps de lire en détail ces informations. De plus, la tarification évolue d’une année sur l’autre, en fonction du comportement du produit et, parfois, de changements opérés par les sociétés de gestion. Or, le prix doit être un élément crucial dans la sélection d’une SICAV. Certes, on n’opte par pour un fonds seulement parce qu’il est bon marché. Mais il faut garder à l’esprit qu’un produit grevé de frais aura bien plus de difficultés à aligner des performances compétitives.
Une étude du département de recherche de la société d’analyse Morningstar établit ainsi que “les frais ont un rôle prédictif concernant la performance future d’un fonds”. Leur enquête, réalisée sur un panel de supports commercialisés aux USA, montre que les 20% les moins chers d’une catégorie obtiennent le meilleur taux de succès, défini par la capacité à survivre et à battre la concurrence. Ce score baisse au fur et à mesure que les frais augmentent. Mais encore faut-il savoir ce que l’on paie réellement en souscrivant une SICAV. Voici le détail des différents coûts qui vous sont facturés.
1/ Les frais d’entrée
Retenus à la souscription, les frais d’entrée sont prélevés en une seule fois sur votre mise de départ. Ils sont généralement signifiés en pourcentage du montant investi, de 1% à 6%. Chez les courtiers en ligne, vous pouvez bénéficier de réductions à 1% voire 0% sur une sélection de produits. Ces charges varient peu d’une catégorie de fonds à l’autre mais plutôt d’un vendeur à l’autre. Les frais d’entrée rémunèrent essentiellement le distributeur du produit, et non le gestionnaire, même si ces deux entités appartiennent parfois au même groupe. C’est donc auprès du premier qu’ils devront être négociés. Parmi les maisons les plus gourmandes, évoquons le réseau HSBC qui, par exemple, réclame jusqu’à 6% de droits d’entrée sur son fonds de petites valeurs HSBC Microcaps Europe. A noter que les souscripteurs en assurance vie ne s’acquitteront pas de ces droits mais paieront en revanche des frais liés aux versements sur leurs contrats.
2/ Les frais de gestion
Une fois l’investissement réalisé, la litanie des frais ne fait malheureusement que commencer. Annuellement, vous devrez rémunérer le gérant pour son travail, au travers de frais de gestion. Cette contribution passe inaperçue car son montant est prélevé automatiquement par le gestionnaire sur le fonds. Concrètement, c’est la valeur liquidative (le cours) du fonds qui baisse. Dans ces conditions, difficile de savoir réellement ce qui vous est réclamé. La documentation précise néanmoins le montant maximum que peuvent atteindre ces frais, mais pas celui de la ponction annuelle, qui peut en outre comprendre des éléments supplémentaires. Comptez jusqu’à 3,5% pour des SICAV classiques. En principe, plus la gestion est active, plus les frais seront élevés. De même, on admet une tarification plus lourde pour in investissement en petite et moyennes capitalisations, qui nécessite d’avantage d’investigation que pour les grandes valeurs, mieux suivies par les analystes financiers. Ainsi, parmi les supports les plus dispendieux, on trouve les fonds CM-CIC Micro Cap, de CM-CIC AM (3,588% maximum), ou encore Etoile Valeurs Moyennes, d’Etoile Gestion (3%). Des approches très spécialisées, sur les biotech par exemple, ou techniques (visant une performance absolue) pourront aussi se réveler coûteuses. Enfin, les supports actions sont généralement plus onéreux que les produits obligataires, eux-mêmes plus chers que les fonds monétaires. Bien sûr, chaque maison choisit d’appliquer une grille tarifaire plus ou moins généreuse, sachant qu’une partie de ces frais est, cette fois-ci encore, reversée au distributeur du produit.
3/ La commission de surperformance
Pour l’épargnant, les affaires se compliquent avec le calcul de la commission de surperformance. Cette dernière, comme son nom l’indique, vise à rémunérer la société de gestion lorsque le gérant obtient de bons résultats. Il s’agit, en quelques sorte, d’une rémunération variable, supposée aligner les intérêts du professionnel sur le vôtres, et qui vient donc s’ajouter aux classiques frais de gestion. Tous les produits ne l’appliquent pas et, pour chaque fonds, les critères définissant la “surperformance” sont précisés dans le prospectus ou le document d’information clé pour l’investisseur. Des formats très divers coexistent. Ainsi, sur le fonds H2O Multibonds, de H2O AM, la commission se déclenche lorsque le support réalise un gain supérieur au taux interbancaire de l’Eonia majoré de 2,6% Avec un garde-fou salutaire, appelé “clause de high water mark” dans le jargon. C’est à dire que la retenu n’est effectuée que si le fonds est à son plus haut par rapport aux exercices précédents. En 2015, H2O AM a ainsi récolté pas mois de 4,95%, grâce à une performance, assez exceptionnelle de 30,95%. Autre procédé pour Performance Vitae, piloté chez Ecofi Investissements : dès que le fonds dépasse 10% de gain sur l’année, 12% sont prélevés sur le surplus pour rémunérer le gestionnaire (soit l’équivalent de 1,36% en 2015).
4/ Les commissions de mouvement
Les ennuis continuent avec ces frais difficiles à appréhender et spécifiques à l’industrie française de la gestion d’actifs. Les commissions de mouvement sont prélevées lors des transactions de titres (achat et vente). Le détail en est dévoilé dans le prospectus complet de chaque produit. Néanmoins, ne comptez pas sur ces informations pour vous éclairer : le prix, indiqué par acte, sera exprimé parfois en pourcentage, parfois en euros. Il varie en outre selon le type de titre concerné. S’il achète et vend beaucoup de titres, la facture va s’alourdir. Plus incompréhensible encore, une partie – voire la totalité dans certains cas – de ces frais va directement dans la poche de la société de gestion, et ne sert ne sert donc pas à rémunérer un intermédiaire (courtier, dépositaire, …). Ces charges ne sont pas systématiques. Certaines sociétés les ont bannies, à l’instar de Moneta AM. D’autres sont plus gourmandes, comme AMILTON AM qui, sur son fonds de petites valeurs Amilton Small Caps, récupère jusqu’à 0,7774% sur chaque transaction. Résultat, alors que le support indique des frais de gestion maximaux de 2,4%, la note s’est révélée bien plus salée à la fin de l’année 2015 : le total des frais sur encours a atteint 9,38%, selon la société d’analyse Europerformance et de mouvement. Cette somme fait de ce produit le champion de notre base de données, toutes catégories confondues.
5/ Les frais de sortie
Clôturons cet inventaire à la Prévert avec la catégorie de frais la moins fréquente. Les frais de sortie, ou de rachat, ne sont en effet pas usuels. Il s’agit d’une ponction sur votre capital au moment où vous souhaitez le récupérer, pouvant aller jusqu’à 5%. La plupart du temps, vous trouverez ce type de retenues sur des supports dont la gestion peut être pénalisée par des mouvements sur les encours. Elles ont vocations à être dissuasives. C’est la cas sur les fonds à échéance, pour lesquels vous êtes supposé investir jusqu’au terme. On trouve aussi des frais de sortie pour certaines stratégies de performance absolue. Vérifiez leur existence car c’est un frein à la liquidité du produit. Ainsi, il est étonnant de constater que Rothschild & Cie Gestion facture jusqu’à 4,5% de frais de rachat sur le fonds d’action de la zone euro R Selction Euro. Idem chez Groupama AM avec ses supports flexibles Groupama FP Flexible Allegro, Allocation et Piano, sur lesquels sont ponctionnés 4% maximum à la sortie.
Un début d’année 2017 rempli d’interrogations
Après une année 2016 émaillée de surprises, le millésime 2017 s’annonce tout aussi chahuté. Faites le tri dans votre portefeuille, tablez sur les meilleurs produits.
L’année s’est terminée… très différemment de la façon dont elle avait commencé ! Rappelez-vous : entre le 1er Janvier et le 11 Février 2016, le CAC 40 perdait 15,97%. Une remonté cahin-caha s’est ensuivie puis une rechute en Juin pour toucher les -14%. Depuis, la tendance est à la hausse et l’indice de la place de Paris est quasiment revenu à l’équilibre. Et comme rien ne semble pouvoir altérer l’optimisme des marchés, une fin d’année sans mauvaise nouvelle devrait permettre au CAC de terminer en territoire positif.
Durant ces douze mois, toutes les classes d’actifs ne se sont pas comportées à l’identique. L’une, en particulier, a surpris. Les marchés émergents, à la peine depuis trois ans, ont repris du poil de la bête et terminent l’année avec la meilleure progression de notre panel de classes d’actifs. En moyenne, les fonds investis sur cette zone ont rapporté 8,47% sur un an glissant. L’indice Russe, porté par la remontée des prix du pétrole, a même rebondi de 40% sur 2016. A contrario, la zone euro et l’Europe ont déçu. Les fonds ciblant ces marchés se retrouvent en bas de tableau, y compris les petites capitalisation. Les SICAV investies en actions françaises s’en sont mieux sorties. La catégorie affiche une performance moyenne en phase avec le CAC 40 et les petites valeurs se hissent même à la deuxième place des plus fortes hausses de l’année. Enfin, à noter, la mauvaise passe des supports flexibles, qui affichent les moins bons résultats de toutes les catégories de diversifiés.
La qualité de gestion fait la différence
Le bilan de l’année 2016 effectué, c’est maintenant vers 2017 qu’il faut se tourner. Les marchés sont tant remplis d’espoir qu’ils semblent insensibles aux divers risques. Brexit, elections de Trump, démission du Premier ministre italien, … Aucune nouvelle ne semble détourner les indices boursiers de leur course vers les sommets. Pourtant, si 2017 paraît pourvue d’opportunités, elle présente aussi beaucoup d’inconnues. Dans ce contexte, il est plus indispensable que jamais de placer son épargne sur des produits de qualité. Les chiffres prouvent que, à environnement équivalent, les résultats diffèrent fortement d’un fonds à l’autre. Prenons l’exemple des supports d’actions européennes, qui perdent en moyenne 6,45% sur un an. Le meilleur produit de la catégorie, le fonds “value” Mandarine Valeur, de Mandarine Gestion, progresse sur cette période de 9,33%. A l’opposé, le produit spécialisé dans les télécommunications, LBPAM Actions Numériques, de la Banque Postale, marque une baisse de 19,17%, pénalisé par ce biais sectoriel. Autre gadins : ceux des fonds UBS European Opportunity Unconstrained PEA, d’UBS (-16,67%) et CD Europe Expertise, de Cholet Dupont AM (-12,52%). Un constat valable pour toutes les catégories et qui tient à deux éléments : les spécificités de chaque produit et la qualité de leur gestion.